Dans cet article, nous vous racontons tout ce que vous devez savoir sur les foires du cannabis en Espagne. Nous évoquons la chronologie historique de leur apparition à travers le pays, ainsi que leur rôle essentiel pour toute une industrie. Par la suite, nous vous expliquons aussi ce que sont les «Cannabis Social Clubs», comment fonctionne ce concept associatif basé sur la production partagée, les dates stratégiques de sa naissance, son évolution générale à travers la péninsule, ainsi que la grande fragilité qui l’entoure encore à ce jour.
Salons du cannabis ibériques
Les foires cannabiques espagnoles sont de grandes et belles manifestations festives qui réunissent tous les acteurs du marché et les amateurs de cannabis depuis 2002, date à laquelle s’est tenue la première édition de la Spannabis au Palau Sant Jordi de Barcelone. Avant la pandémie Covid-19, on totalisait une dizaine de salons cannabiques annuels à travers tout le pays. Ces événements connaissaient une fréquentation incroyable, en particulier la Spannabis, dû à sa renommée internationale. Elle attirait les entreprises les plus réputées du secteur, des visiteurs en masse, en provenance de pays comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Colombie, L’Uruguay, le Chili, L’Argentine, le Mexique, la Chine, l’Israël, et la grande majorité des pays européens y était représentée. Avec une moyenne de fréquentation dépassant les 30 000 visiteurs par jour, il est assez facile de se rendre compte qu’elle représentait l’événement majeur du secteur eau marché Européen, où pouvaient se rencontrer pléthore de professionnels, mais aussi de passionnés experts en la matière et des producteurs de cannabis.
Lors de ces manifestations festives, vous pouviez approcher un nombre important de professionnels du secteur sur leurs stands, proposant un éventail très complet de services (marketing/communication numérique, presse/publicité cannabique, cabinets d’avocats spécialisés et autres services spécifiques), ainsi que tout l’équipement nécessaire à la culture de plants. On y retrouvait, entre autres, des graines, des fertilisants, des armoires de culture, des lampes, des systèmes de ventilation, de gestion autonome (arrosage/illumination/aération/CO2), de culture divers (hydroponie/aéroponie/NFT, etc.), pots, dispositifs anti-odeurs (filtres à charbons actifs/aérosols/gels et blocs déodorants) et de traitement de l’eau, machines à récolter ou encore du mobilier et consommables pour la bonne conservation de la récolte (coffret en bois de cèdre, pots en verre décorés, contenants en chanvre/matières recyclés). Le secteur s’est bien étoffé lors de la dernière décennie, car on y trouvait vraiment toute la panoplie complète et pratique du « parfait petit cannabiculteur en herbe »
La Spannabis a été la pionnière du genre, avec plus de 17 éditions qui se sont déroulées durant les deux dernières décennies. À chaque édition, la ville de Barcelone connaît une affluence massive, notamment grâce aux Cannabis Social Clubs (CSC) locaux qui organisent de nombreuses animations. Parmi les autres foires du secteur, il était possible d’assister autour de 2008 à la Highlife de Pampelune, Expocannabis à Madrid à partir de 2010, Spannabis à Malaga, Growmed devenue récemment Cannamed à Valence, Expogrow à Irun à partir de 2012, Expocañamo à Séville, Viñagrow à Villarrobledo et Intercannabis à Alicante.
Le nombre total de salons cannabiques est révélateur du développement et de la pertinence du secteur à partir de 2010. L’industrie du cannabis suscite un fort engouement à tout niveau.
L’ensemble de ces événements s’est déroulé sans le moindre accroc durant plus de 20 ans, pourtant ne pourrait-on pas craindre la disparition de ces foires dans un futur proche ?
Nous connaissons parfaitement l’objectif de ce type de manifestation, qui est de réunir la palette la plus large possible de professionnels du secteur et d’offrir l’opportunité au public de pouvoir les rencontrer directement. C’est également un événement festif, où se tiennent de nombreuses animations ludiques diverses et variées (concerts, jeux, etc.) pour divertir le public, avec aussi des stands de restauration. Tout cela représente une perception de premier plan, mais le rôle essentiel de ces foires du cannabis est surtout de promouvoir, d’animer et de dynamiser toutes les activités du secteur, dans le but de favoriser la croissance économique, mais aussi de pérenniser cette filière à part entière.
Par le biais de ces quelques lignes, nous comprenons que nous sommes face à une grande inconnue, mais surtout que tout est possible, c’est pourquoi il est préférable de rester objectif et d’attendre de voir comment vont évoluer les choses.
LES CANNABIS SOCIAL CLUBS ESPAGNOLS (CSC)
Les « Cannabis Social Clubs » ou clubs sociaux du cannabis, sont des structures associatives à but non-lucratif, composées exclusivement de personnes majeures. Chaque Cannabis Club est constitué d’un groupe de membres dont le nombre est limité, qui partage, organise et gère la culture de cannabis, sa production et la distribution de cannabis en cercle fermé, exclusivement pour les besoins personnels de leurs adhérents et non plus pour des fins industrielles. C’est un modèle de régulation du cannabis assez fragile que l’on retrouve internationalement, dans des pays comme l’Espagne, la Nouvelle-Zélande, la Belgique, les Pays-Bas, la Slovénie, l’Uruguay, l’Allemagne et l’Angleterre. Le premier des clubs de cannabis à être apparu dans la péninsule ibérique était l’ARSEC en 1993 (Asociación Ramón Santos de Estudios Sobre el Cannabis),suivi par le CCCB (Club de Catadores de Cannabis de Barcelona) et la MACA (Moviment Associatiu Cannàbic d’Autoconsum). Ces 3 associations étaient catalanes, puis l’AMEC (l’Asociación Madrileña de Estudios sobre el Cannabis) a été créée à Madrid, suivie par l’ARSECA en Andalousie. Tous ces clubs associatifs font partie de l’histoire du cannabis espagnol. De nombreuses nouvelles associations cannabiques ont vu le jour à partir de 2002, à travers le territoire espagnol. Ce déploiement s’est effectué suite à la décision de justice qui affirme que l’autoculture des plants de cannabis, pour une consommation personnelle, ne constitue pas un crime, à partir du moment où il n’existe aucune finalité de trafic avéré. Plus de 1600 clubs sociaux de cannabis seraient recensés dans toute l’Espagne, ce qui reflète l’ampleur du phénomène.
«PLUSIEURS CANNABIS SOCIAL CLUBS ONT CONNU LE CHEMIN DES TRIBUNAUX »
Bien que beaucoup de temps se soit écoulé depuis l’apparition des premiers CSC, ce modèle associatif reste cependant très fragile. Malgré une perception auprès de l’opinion publique qui devient de plus en plus favorable au fil du temps, cela ne suffit pas. Seule une véritable régulation leur permettrait d’entrevoir un avenir plus serein. Malheureusement, nombreux sont les CSC qui subissent régulièrement des interventions de la police Espagnole pour de multiples raisons. Ce mouvement national a même réussi à créer plusieurs fédérations provinciales et régionales, nommées les FAC (fédérations des associations cannabiques). Dans l’actualité récente, plusieurs Cannabis Social Clubs ont connu le chemin des tribunaux, avec des condamnations prononcées à l’issue de leurs jugements respectifs. Tel a été le cas pour l’AUETCG (l’Asociación de Usuarios para el Estudio Terapéutico del Cannabis de Gandia), qui a été condamnée par l’Audiencia de Valencia à la fermeture définitive de l’association, une peine de prison de trois ans pour le président et de deux ans pour le secrétaire et le trésorier. L’association « Casa Maria » de Pontevedra a aussi été fermée par le tribunal suprême provincial, avec à la clé une peine carcérale de trois mois pour ses deux fondateurs. Le CSC Acmefuer situé à Las Palmas, aux îles Canaries, a également été condamné par le tribunal provincial local, dont 13 membres ont écopé de peines de prison allant de 6 à 15 mois, assorties de fortes amendes pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros.